Marion TIBLE - Accumulation de fer à distance de l’infarctus cérébral primaire : une nouvelle cible thérapeutique et diagnostique pour les patients victimes d’AVC
- Mme Marion TIBLE
Le Prix Jeune Chercheur ‘Fondation Planiol-Inner Wheel’ 2021 a été attribué au Dr Marion TIBLE pour son travail sur l'inflammation et la mort cellulaire dans la maladie d’Alzheimer.
Travail de recherche primé : A l'Institut du Cerveau et de la Moëlle épinière (ICM), le Dr Marion TIBLE a exploré des voies complémentaires à celle de la protéine amyloïde en faisant le lien avec d'autres caractéristiques de la maladie d’Alzheimer, notamment l'inflammation et la mort neuronale. Elle s’est intéressée à la protéine enzymatique PKR : grâce à plusieurs modèles de souris, elle a montré que cette enzyme était au centre des mécanismes inflammatoires et apoptotiques et transféré cette découverte chez l'humain.
Situation actuelle : Désormais, au sein du Neurocentre Magendie à Bordeaux, Le Dr Marion TIBLE poursuit son activité en s’intéressant au rôle du Fer dans la perte neuronale suivant un AVC, en faisant appel à de nouvelles techniques d’imagerie médicale et des procédures ultrasonores innovantes. Voir résumé ci-après.
Résumé du travail :
L’accident vasculaire cérébral ischémique (AVCi) est l’une des causes principales de handicap en France et a un coût économique et sociétal important. L’AVCi est dû à l’occlusion d’une artère cérébrale entrainant des lésions, dites ischémiques, dans la zone privée d’oxygène. La stratégie thérapeutique actuelle consiste en une intervention rapide pour essayer rétablir la circulation dans la zone touchée par l’AVCi. Malheureusement, tous les patients ne peuvent pas en bénéficier et, parmi ceux qui en bénéficient, les handicaps résiduels peuvent rester importants. Il est donc nécessaire de développer d’autres approches permettant de protéger le cerveau pendant et après l’AVCi. Il a été précédemment démontré que les AVCi pouvaient exercer des effets à distance de la lésion aiguë, dans des régions éloignées mais connectées à la zone initialement lésée, un phénomène décrit sous le terme de "neurodégénérescence secondaire". Ces changements évoluent progressivement au fil des mois voire des années, pouvant permettre un traitement au-delà de l’urgence initiale. Cependant, cette intervention thérapeutique se heurte à plusieurs difficultés : il n’est actuellement pas établi (1) que les modifications à distance de l’AVCi soient cliniquement pertinentes, et (2) si elles le sont, qu’un mécanisme cellulaire spécifique puisse être ciblé pour prévenir la mort neuronale des zones touchées.
Ces dernières années, l’équipe que j’ai intégrée a apporté d'importantes contributions à ce domaine grâce à des approches utilisant l'IRM (imagerie par résonance magnétique) in vivo, une méthode non invasive, sans effets secondaires, couramment utilisée en clinique et pré-clinique. En utilisant le R2*, une technique quantitative de l'IRM directement liée au contenu en fer, elle a été la première à démontrer, directement chez les patients, qu'il y avait une accumulation progressive de fer dans des régions cérébrales éloignées, initialement épargnées mais connectées au site de l'AVCi. Plus la quantité de fer présente dans ces régions était importante, plus l’impact clinique (fonctionnel, cognitif, neuropsychologique) était fort.
Ces résultats suggérant une atteinte à distance, aggravée par la présence de fer, j’entreprends à présent une étude approfondie du déroulement de ce phénomène et sa relation avec la perte neuronale. J’ai non seulement pu reproduire les observations humaines, mais également pu montrer que l'augmentation progressive de fer précédait et était fortement prédictive de la perte neuronale. Ces données soutiennent notre hypothèse que le fer présent dans les régions déconnectées accélèrerait la mort cellulaire, augmenterait l’inflammation et donc, serait responsable de symptômes secondaires aggravant la pathologie. Le présent projet vise à étudier les mécanismes de cette mort neuronale et les effets de médicaments visant à supprimer et/ou diminuer la charge en fer afin de traiter les symptômes secondaires à l’AVCi, améliorer la guérison des patients et découvrir des nouveaux biomarqueurs permettant un suivi adéquat post-AVCi.
Montant de l’aide : 1500€
La Fondation Thérèse et René Planiol remettra le Prix Jeune Chercheur ‘Fondation Planiol-Inner Wheel’ le mercredi 15 mars 2022 à Tours, dans le cadre de la Semaine du Cerveau.