Réactivité cérébrovasculaire au protoxyde d’azote dans la dépression résistante (proto-brain)
Responsable du programme
Thomas DESMIDT
Clinique Psychiatrique Universitaire, CHRU de Tours et INSERM U930 Imagerie et Cerveau, Université François Rabelais de Tours.
Résumé
Contexte : La dépression est un trouble sévère du fait non seulement de sa prévalence élevée mais aussi de l’efficacité limitée des antidépresseurs conventionnels. Le Protoxyde d’Azote (N2O, aussi connu sous l’appellation de « gaz hilarant », couramment utilisé en anesthésie) a récemment montré des effets antidépresseurs sur un groupe de sujets dépressifs résistants aux antidépresseurs conventionnels. Cependant, et alors que les bénéfices semblent prometteurs car rapides, soutenus et associés à de faibles effets secondaires, la physiologie de l’effet antidépresseur du N2O est mal connue. On sait néanmoins que le N2O modifie de façon marquée la physiologie cérébrovasculaire et nous faisons l’hypothèse générale que les modifications cérébrovasculaires provoquées par le N2O constituent un marqueur de réaction cérébrale globale capable de prédire la rémission des symptômes dépressifs.
Objectif : Notre objectif principal est de comparer la réactivité cérébrovasculaire au N2O, mesurée par IRM et Ultrasons, entre 1) patients dépressifs répondeurs au N2O, 2) patients dépressifs non-répondeurs au N2O et 3) sujets contrôles. Nous faisons l’hypothèse que les changements de Perfusion Cérébrale (mesurée par IRM) et de Pulsatilité Cérébrale (mesurée par IRM et Ultrasons) sont plus importants chez les patients répondeurs au N2O (et identiques aux sujets contrôles), et prédisent une réponse plus soutenue dans le temps.
Méthode : Notre équipe a développé des outils de mesure de la Pulsatilité Cérébrale, en IRM et en Ultrasons, qui reflètent avec une précision élevée la réactivité cérébrovasculaire, et dont nous avons montré qu’elle était modifiée dans la dépression. En particulier, la technique en Ultrasons de la Pulsatilité Cérébrale (Tissue Pulsatility Imaging – TPI) est un outil sophistiqué, non-invasif, peu coûteux et utilisable au lit du patient qui pourrait venir en complément de l’IRM pour caractériser la physiologie cérébrovasculaire de la réponse au N2O dans la dépression. Vingt patients dépressifs seront recrutés au CHU de Tours, service de la Clinique Psychiatrique Universitaire qui est notamment Centre Expert Dépression Résistante. Dix sujets contrôles seront recrutés à partir des registres du Centre d’Investigation Clinique (CIC) de Tours.
Déroulement de l’étude : La première visite au CIC permettra l’évaluation clinique et en neuroimagerie (IRM et TPI) pour les données en baseline. Pendant la seconde visite, les sujets seront exposés au mélange 50% N2O/ 50% O2, selon la procédure suggérée dans l’article de preuve de concept pour les patients dépressifs. En outre, les sujets seront monitorés de façon continue par la TPI pendant la diffusion du N2O et bénéficieront d’une IRM cérébrale quelques minutes après la fin de l’exposition au N2O. La réponse clinique sera également évaluée à 24 heures, 1 et 2 semaine.