Cécile MONJAUZE - Les troubles du langage chez les jeunes patients épileptiques

Prix Jeune Chercheur 2008
Publié le 16/05/2017
  • Mme MONJAUZE Cécile

Les troubles du langage chez les jeunes patients épileptiques

Le travail de Cécile Monjauze concerne les troubles du langage chez les jeunes patients épileptiques, il a été réalisé sous la direction de Laurice Tuller, Professeur à l'Université  F. Rabelais de Tours, au sein de l'unité INSERM 930 dirigée par professeur Denis Guilloteau.
Actuellement Cécile Monjauze poursuit ses travaux à Londres à l'Institute of Child Health (30 Guilford Street, London) depuis janvier 2008.

RÉSUMÉ

L'épilepsie focale à pointes centro-temporales (EPCT) est la plus fréquente des épilepsies bénignes de l'enfance. Il s'agit d'une épilepsie idiopathique (sans lésion cérébrale ni déficit neurologique) focale (affectant les aires centro-temporales), d'étiologie probablement génétique, qui survient entre 3 et 13 ans. 
La présence de troubles modérés du langage a été rapportée pendant la phase active de l'épilepsie, mais l'existence (ou non) de séquelles à long-terme reste aujourd'hui controversée. En effet, bien que cette épilepsie soit considérée comme " bénigne " en raison de la rareté des crises et de la rémission spontanée à l'adolescence, on ignore encore dans quelle mesure l'activité épileptique focale, survenant précocement et pendant plusieurs années dans une zone corticale prédisposée pour sous-tendre le langage, va modifier l'organisation de cette fonction.
Notre travail a donc consisté, au moyen d'une approche psycholinguistique approfondie, à caractériser la nature des troubles du langage en phase active de l'épilepsie, et à explorer l'hypothèse de l'existence de séquelles linguistiques après rémission. Dans cette perspective, nous avons mené une étude transversale puis longitudinale sur une population d'enfants d'âge scolaire et d'adolescents en phase active ou en rémission de l'EPCT (N = 27). 
Nous avons étudié le langage au travers de méthodologies complémentaires, associant !

  1. une évaluation standardisée
  2.  une évaluation en situation induite (élicitation de pronoms objet LE/LA) 
  3.  une évaluation en situation " naturelle ", consistant en un recueil de langage spontané (conversation entre le patient et l'examinateur), au travers duquel nous avons analysé différents aspects de la syntaxe complexe.

Ces deux dernières approches ciblaient des aspects linguistiques spécifiques connus pour être des marqueurs, à court et long terme, d'un développement atypique du langage. Nous avons montré qu'une forte proportion de patients développait non seulement des troubles du langage en phase active, mais présentait également des séquelles après rémission de l'épilepsie. Ces séquelles étaient caractérisées par une difficulté  à produire les structures syntaxiques les plus complexes (i.e. propositions subordonnées relatives) et par la production persistante d'erreurs morphosyntaxiques, résultat non objectivé dans des travaux antérieurs ayant utilisé une évaluation linguistique classique. Nos résultats soutiennent l'hypothèse d'une immaturité des systèmes de performance qui interagissent avec le langage (i.e. mémoire de travail). Par ailleurs, nous n'excluons pas l'hypothèse complémentaire selon laquelle il existerait un dysfonctionnement des circuits fronto-temporaux affectés par les décharges, qui sont impliqués dans le traitement d'opérations syntaxiques complexes.

Ce travail, combinant de façon originale et concrète les ressources fournies par les théories grammaticales dans une perspective neurolinguistique avec celles de la neuropsychologie expérimentale constitue une contribution scientifique importante de notre compréhension des effets à long terme de l'activité épileptique sur la maturation cérébrale, dont les implications sont pertinentes à  plusieurs titres, pratiques, thérapeutiques et particulièrement scientifiques. 

Laboratoire où a été réalisé le travail : Imagerie et Cerveau, INSERM U930, Tours

On en a parlé dans la nouvelle république du centre Ouest

et dans le courrier Français de Touraine

Le Prix Jeune chercheur 2008 de la Fondation a été remis à MONJAUZE Cécile à l'occasion de la 11ème Semaine du Cerveau le lundi 16 mars 2009 à 18H00 salle Léoplod Sedar Senghor, 1 bis rue de la Préfecture à Tours

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